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plus ou moins art et culture
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31 octobre 2005

Les Arts Russes dans la 2ème moitié du XIXè sc; à Orsay

L'Art russe dans la seconde moitié du 19e siècle, en quête d'identité, au Musée d’orsay. A la lecture de ce titre à rallonge, une 1ère question s’impose, pourquoi les artistes russes de la 2ème moitié du 19ème étaient-ils en quête d’une identité ? Selon les commissaires de l’exposition, durant la seconde moitié du 19è siècle, de nombreux artistes se sont détournés des modèles Occidentaux enseignés dans les académies de Saint-Pétersbourg et de Moscou, au motif d’élaborer un art national. Bien, sauf que cette réponse appelle une deuxième question : n’y avait-il pas un art spécifiquement russe avant 1870 ? Cette question n’est malheureusement pas posée, du coup aucune réponse n’est donnée, alors qu’elles nous paraissent fondamentales si l’on veut comprendre pourquoi les artistes russes sont à la recherche d’une identité à partir de la moitié du 19ème sc ; Pour saisir cette quête d’une identité russe dans le champ des arts, il fallait en effet préciser un certain nombre de points relatifs au règlement des académies d’arts russes dans les années 1870. Comme les commissaires (peut-être pour ménager les susceptibilités des prêteurs russes ?) les ont zappés, nous allons faire un arrêt image sur ces points . En histoire de l’art, pour comprendre un mouvement artistique, voire sa quête, il faut décrire le contexte historique dans lequel il s’inscrit. Or, qu’en est-il de la Russie, dans la deuxième moitié du 19ème ? C’est encore un empire, avec à sa tête un tsar (Alexandre III) et comme capitale Saint-Petersbourg. Cependant, un vent de réformes souffle sur le pays. Le servage des paysans a été aboli en 1861 et le pays commence à s’industrialiser. La situation culturelle est à l’image des transformations socio-économiques du pays, sauf en ce qui concerne les arts. Les artistes russes seraient-il moins progressistes que les écrivains ou les compositeurs ? Non, bien sûr. Alors pourquoi restent-ils corsetés dans des carcans du passé ? Eh bien du fait d’un décret datant de Pierre Le Grand, qui sera maintenu jusqu’en 1870. Pour saisir de quoi il retourne, faisons un saut en arrière de deux siècles. En 1703, Pierre 1er, dit le Grand, lance la construction de Saint-Petersbourg, qu’il veut à l’image des palais de Venise et du château de Versailles. Pour ce faire, il ne fait pas appel à des architectes russes, mais à des étrangers (dont le français Alexandre Leblond). Simultanément à la mise en chantier de Petersbourg, Pierre le Grand rédige et signe un décret concernant les beaux-arts. Ce décret, connu sous le nom de réforme Pétrovienne, impose aux étudiants des académies d’art de ne plus peindre et sculpter que dans la tradition des artistes français et hollandais. A partir de l’application de ce décret, la spécificité de l’art russe (qui était essentiellement religieux et populaire) est donc congédiée au profit d’un art de cour copié sur l’art occidental hérité de la Renaissance. De 1703 à 1863, les professeurs des académies d’art en Russie sont donc contraints à enseigner à leurs élèves les techniques de la peinture et de la sculpture mise en place au Quattrocento. Techniques éloignées de celles utilisées par les Russes, Jusqu’à l’aube du 18è sc ; ceux-ci n’avaient en effet produit que des icônes (dont la technique était plus proche de celle de l’art gothique que de l’art de la Renaissance) et, bien sur, un art populaire manifeste dans les objets quotidiens : mobilier, vaisselle, décoration, vêtement. Bref, de 1703 à 1863, les artistes russes, issus des académies, se trouvent dans l’obligation d’imiter les arts de l’Europe de l’Ouest. Disant cela, je ne veux pas dire que, pendant près de deux siècles, les Russes n’ont pas produit une peinture typiquement russe. Il y en a eu, sauf que ces peintures ou gravures représentant des scènes de la vie quotidienne russe, et qu’on appelait loubki (loubok au singulier), n’étaient pas reconnues par l’Académie ou, si elles l’étaient, ce n’était qu’au titre d’art mineur. Pour sortir de la réforme pétrovienne, il a fallu attendre une mini révolution. Elle se produisit en 1863, sous le nom de Révolte des 14. En 1863, 14 élèves de l’Académie des arts s’insurgent contre les règles drastiques qui leur sont imposés. Comment ? En refusant de concourir pour les médailles d’or et d’argent décernées par l’Académie en fin de cursus. Bien sûr, on peut imaginer que la révolte des 14 a éclaté sur un terrain préparé. Disons que le groupe des 14 s’est rebellé parce qu’il était nourri de littérature naturaliste (Dostoïveski, TolstoÏ, Tourgueniev), mais aussi et surtout sous la pression de l’influent critique d’art Stasov. Stasov était en effet très intéressé par le renouveau de la peinture de genre, du paysage et des portraits des humbles; bref par une peinture en rupture avec celle ordinairement enseignée dans les académies. La Révolte des 14 a constitué l'un des points de départ de la nouvelle peinture russe. Une peinture identitaire que nous présente, en partie, le musée d’Orsay. Je dis bien en partie parce que ce qui est montré au public est parfois l’arbre qui cache la forêt. Cette nouvelle peinture russe en rupture avec les modèles occidentaux que nous propose Orsay a été divisée en trois courants. Le premier fait un retour aux sources slaves. Il se situe entre mythe, histoire et art populaire. Le deuxième courant dit de paysagistes s’attache à représenter la terre russe. Le troisième intitulé courant réaliste va, lui, prendre en compte la réalité sociale et politique contemporaine "russe". Dans les artistes qui se situe entre mythe, histoire et art populaire, nous trouvons Victor Vasnetsov (1848-1926) et son Tsar Ivan sur un loup gris, de 1889 (ci-dessous à gauche) Bien que peintre symboliste, Vasnestov est classé ici dans la catégorie des artistes néorusses. Toujours dans la veine d’un retour aux sources slaves entre mythe et religion, nous est proposée La vision de l’enfant Bartholomé, 1889-1890, de Mikhaïl Nesterov. (ci-dessous à droite) Tableau qui fait la transition avec le courant des paysagistes. vasnestovnesterov__enfant_bartholome_
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