A présent, nous allons nous tourner vers des

A présent, nous allons nous tourner vers des artistes dada qui ont travaillé à partir des notions de hasard, et revenir à Zurich. L’intrusion du hasard dans la réalisation d’une œuvre a en effet aussi été au cœur de l’esthétique dadaïste. Pourquoi ? Parce que l’abstraction proclamait alors l’autonomie de l’œuvre littéraire et plastique. La peinture affranchie des contraintes d’antan était crée avec des matériaux bruts ou des formes géométriques qui ne parlaient que de lignes, surfaces, plans et couleurs. Quant à l’écriture, une fois libérée de l’esclavage du sens, elle retournait à la matérialité même de la langue. Les mots étaient assemblés selon des lois qui ne visaient pas la communication mais la fluide liberté d’associations de sons s’organisant en poèmes. Tzara et Arp (qui était aussi poète), se livraient en allemand à une écriture automatique qui n’admettait pas de corrections. Tzara, par exemple, composait des poèmes en prenant au hasard les mots découpés d’un article de presse. Dès 1916, Jean Arp se livra lui aussi aux lois du hasard en laissant tomber sur des feuilles des bouts de papiers déchirés, comme on le voit, ci-dessous, avec « Rectangles selon les lois du hasard » 1916. Ce véritable château de cartes ne tenait que grâce à la colle. Même s’il s’adonnait au collage, entre 1915 et 1920, Arp semblait préférer la poésie à toute autre expression. Son recueil de poèmes, « La pompe à nuages » est contemporain de ses collages abstraits et de ses reliefs dada, comme ci dessous : 1) « Oiseau dans un aquarium » et 2) « Plastron et fourchette », 1922. Ces reliefs d’Arp sont des formes découpées dans des bois polychromes et assemblées de manière à créer des pièces où transparaissent les traces de l’exécution manuelle. Retenons que poésies ou reliefs d’Arp ont été réalisés selon le principe de l’impersonnalité du geste créateur cher aux dadaïstes.